La vape n’est pas pour les pauvres

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  • La vape ambitionne de faire quitter les fumeurs. Mais force est de constater qu’elle manque sa cible principale, les pauvres.


    La vape ambitionne de faire quitter les fumeurs. Mais force est de constater qu'elle manque sa cible principale, les pauvres.

    Dans les discussions, on entend souvent le fait que c’est dégueulasse d’attaquer la vape, car elle pourrait améliorer la vie d’un milliard de personnes. C’est le nombre de fumeurs dans le monde. C’est un argument maintes fois répété alors qu’il est faux dans la réalité.

    L’argument du milliard de fumeurs

    D’une part, les essais cliniques montrent que l’efficacité de la vape, dans le sevrage tabagique, est de 18 %. C’est supérieur à tous les substituts de nicotine, mais cela signifie que si vous donnez une cigarette électronique à 100 personnes, il n’y a qu’une personne sur cinq qui pourra abandonner la tueuse. Et non, ce n’est pas forçant avec tous les liquides et les taux de nicotine imaginables que cela va marcher par magie. Une addiction de parfois plusieurs décennies ne s’en va pas aussi facilement.

    Il est vrai qu’il y un milliard de fumeurs dans le monde, mais 800 millions sont des pauvres dans les pays pauvres. Et un pauvre dans un pays pauvre n’est pas un gilet jaune. Un tel pauvre peut acheter uniquement en fonction de ce qu’il a dans sa poche. Pas de crédit, pas de débit, pas de bit, rien du tout. Et dans son état actuel, la vape n’est pas du tout accessible pour ces pauvres.

    Une vape orientée 100 % pour le pouvoir d’achat occidental

    Car 100 % de la vape a été conçue en fonction de vapoteur occidental qui a un pouvoir d’achat plus important. En Europe, on estime qu’il y a 18 % de fumeurs (l’OMS parle de 28 %, mais d’autres statistisques européennes nous ramènent à environ 18 à 20 %, car c’est très variable selon les pays). La population européenne est estimé à 747 millions (octobre 2019) ce qui nous fait grosso modo 134 millions de fumeurs.

    Aux Etats-Unis, la population est de 327 millions de personnes et 14 % qui fument ce qui nous donne environ 45 millions de fumeurs. Je prend mon boulier et on a donc 179 millions de fumeurs en Europe et aux Etats-Unis. En arrondissant, on peut dire qu’il y a 200 millions de fumeurs dans les pays riches et 800 millions dans les pays pauvres.

    Et comme la vape a été façonné en fonction d’un pouvoir d’achat occidental, on se retrouve dans une merde incroyable où les fumeurs, qui ont le plus besoin de passer à la vape, ne peuvent pas s’acheter la cigarette électronique la moins cher du marché. Parfois, quand j’ai peu de sous, j’achète des petites e-cigarettes, je revêt mon manteau d’évangéliste et je tente de convaincre des fumeurs de passer à la vape. J’ai une connaissance qui est un pauvre. Son salaire mensuel est de 100 dollars (et encore je suis large).

    Trop pauvre, même pour la moins chère des cigarettes électroniques

    J’ai essayé de trouver le pod moins cher qui existe tout en n’étant pas trop de la camelotte. J’ai trouvé le Minifit de JusFog, qui, sur les sites chinois, vaut 12,50 dollars. Justfog est une bonne marque et c’est un pod avec des cartouches jetables. C’était trop cher pour lui.

    Car en fait, ce qu’il faut comprendre est que le pauvre dans les pays pauvres ne va pas seulement comparer en fonction de ce qu’il a dans sa poche, mais aussi par rapport à ce qu’il consommait auparavant. En gros, il comparera le prix de l’e-cigarette en fonction du prix d’une clope.

    Et je vois venir, les gauchistes et les sainte-nitouches de la vape, me dire (avec une voix fluette éféminée) : Ouais, mais tu vois, tu ne peut pas comparer les deux, la santé est inestimable. On voit que ce type d’individu n’a jamais connu la vraie pauvreté. Un pauvre s’en fout de la santé et de tout le reste, il consomme uniquement ce qu’il peut acheter à un instant T.

    Un prix dérisoire de la cigarette dans les pays pauvres

    Et le prix des clopes dans les pays pauvres est très bas. A Madagascar par exemple, on est alentours de 1 euro par paquet. Donc, si tu veux faire décrocher les fumeurs pauvres, alors ta cigarette électronique ne doit pas valoir plus. Et c’est impossible dans l’état actuel de la vape. Peut-être que si on rogne sur la qualité, qu’on produit en masse avec des trucs jetables, on pourrait baisser à 3 ou 4 dollars par e-cigarette. Et c’est la technique utilisée par la vape de Big Tobacco (ce n’est pas un hasard).

    Et pour un pauvre, une e-cigarette à 12 dollars est déjà trop cher. Mais il faudra aussi qu’il rachète régulièrement des résistances ou des cartouches et surtout le liquide. Pour être tranquille, il faut acheter le liquide en europe, mais les prix sont une vraie escroquerie. La raison pour laquelle il y a tellement de vape shop en France est que la marge sur les liquides est monstrueuse.

    Une vape de branleurs et de branleuses

    Et on pourrait aussi l’étendre à des pauvres dans les pays riches. Vous avez des personnes qui sont endettées à mort dès le 10 du mois. Et la pauvreté est très corrélée avec le tabagisme ce qui les enferme dans un cercle vicieux. Et pendant ce temps, une vape pour branleuses et branleurs (et je m’inclus dedans) continue de se développer. De plus, une tendance des vapoteurs, prétendummet expérimentés, diabolisent la nicotine. Je me souviens de mon premier vape shop où la vendeuse était horrifiée que je lui demande des liquides à 12 mg. Alors que pour faire décrocher un fumeur, il faut le saturer de nicotine au début.

    Mis bout à bout, cela montre un secteur de la vape qui s’est beaucoup éloigné de ses principales cibles. A savoir, privilégier la cessation tabagique et viser les populations les plus pauvres.

    A chaque pays, sa vape

    Toutefois, on ne doit pas rejeter la faute sur les vapoteurs occidentaux, car c’est à chaque pays de développer son secteur de la vape. C’est la solution pour faire baisser les prix des liquides et du matos. Mais on va heurter à un obstacle de taille qui est la totalité des pays pauvres sont anti-vape à mort. Et pour cause, une grande partie de leurs revenus est financé par les taxes du tabac et il suffit de voir ce qui s’est passé en Inde avec le ban totale de la vape alors que la clope circule librement.

    Ce qui fait qu’on revient au début, quand des vapoteurs militants disent qu’ils sont là pour un milliard de personnes, c’est faux. A la limite, ils sont là pour 200 millions de fumeurs. Ce qui fait déjà un défi de taille et un marché considérable si on regarde le plan économique. Mais pour les 800 millions de fumeurs, à cette année de grâce d’octobre 2019, la vape n’a aucune réponse à leur apporter par rapport à leurs moyens.

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    La Rédaction

    Rédacteur en chef, écorché vif, éternel raleur, conservateur et nationaliste. Parle parfois de vape.

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