Remonter le temps pour faire les bons choix et réparer mes erreurs

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  • Je suis dans une telle mouise financière que je suis nostalgique du bon vieux temps. J’ai une machine à remonter dans le temps et vers quelle époque, je voudrais aller pour corriger les erreurs et faire les bons choix. Je pense que je remonterais dans mon enfance. Quand on était à Maintirano avec papa, maman et d’un de mes frères. Après la mort du padre, on nous a forcé à quitter cette petite ville tranquille au bord de mer.

    Où tout le monde se connaisse et s’entraide. Du haut de mes 10 ans, je leur crierais de ne pas partir, que notre avenir est ici comme nous l’avait dit notre leader religieux, que si on va ailleurs, on descendrait tous les cercles de l’enfer et on ne pourrait jamais s’en sortir. Si j’étais resté dans cette petite ville, j’aurais grandi là bas, loin des clameurs du monde, de son avidité, de sa férocité, sa malveillance infinis. Peut-être que c’est de l’idéalisme béat, que le monde est un et que sa putréfaction m’aurait atteint, même dans ce village où mon frère, certains après-midi baignés de soleil, vendait des citrons, cueillis de notre citronnier, tronant au milieu de la cour, entouré par des volailles, on se levait et dormait avec le soleil et on avait une vie vide de parasites, mais remplie de sérénité. Je laisserais ce Houssen, évoluer dans ce monde parallèle pour qu’il puisse faire sa vie à l’abri des malfaisants pour attendre la mort.

    Je remonterais dans ma machine à remonter le temps et je foncerais vers mes 13 ans où ma scolarité fut dépecée par les aléas de la vie et les troubles d’un de mes frères. L’autre, qui était avec moi à Maintirano, mourra quelques années plus tard, tué par des racailles à peau sombre puisqu’il était trop innocent et naif pour ce monde excrémentiel. L’autre frère aura la main trop libre dans la caisse des entreprises où il a travaillé. Il sera souvent mis à la porte et je passerais davantage de temps à la maison, à jouer à la Super Nes de 8h à 17h plutôt qu’à aller en classe. Je débarquerais à cette époque et je leur crierais qu’il faut continuer à m’éduquer, pour que j’ai mon bac, que j’aille à l’université. Je fantasmais d’aller dans les universités prestigieuses comme Harvard ou le MIT, mon Dieu, que ce temps est si loin. Ce manque de scolarité va définir ce que je suis aujourd’hui, un reclus de la société, habité par sa folie et ses fantasmes.

    La scolarité, le parcours universitaire, permet de tisser des liens sociaux qui durent parfois toute la vie. Moi, j’ai toujours été seul face à Dieu et seul face à la malveillance de ce monde. Mère était là et m’a protégé pendant des décennies entières, moi, me vautrant dans un confort éphémère, pensant que tout resterait comme avant, que rien ne changerait. Quel culot ! Quelle vantardise ! Quelle naiveté de ces créatures humaines qui prévoient sur 1000 ans, mais qui ignorent qu’ils peuvent mourir dans la prochaine heure.

    Si j’avais eu de vrais diplomes, j’aurais pu éviter tous les boulots de merde, tous les tracas. Je laisse là ce Houssen qui suit ardemment sa scolarité, va à la fac, décroche ou plusieurs diplomes, dégote une jolie femme et fonde une famille. Le rêve parfait, le parcours limpide, un monde parallèle de plus, va et sois heureux, cet Houssen, qui ne traversera jamais les périodes sombres dans la malveillance, le marécage et le regard moqueur et acéré des autres.

    Je remonterais dans ma machine à remonter dans le temps et je sais exactement où j’irais après. Vers 32 ans, l’âge où tout va basculer. J’étais amouraché d’une salope, TR, et dans mon âme de trentenaire prépubère, je vais faire des enfantillages sur des photos. Des gamineries comparé aux déchets qu’on peut trouver aujourd’hui. Mais c’était une famille de merde, le genre qui écrase les pauvres et qui les toise de haut. Ils nous ont détruit, nous ont excommunié et cela nous affecté pendant des années et c’est toujours le cas. Le reclus marque déposée, dans une valse infernale d’insultes, de crachats et de vengeance de petits mecs et de pétasses qui n’ont jamais travaillé de leur vie, qui n’ont jamais connu la précarité, des fils de lâche et pères de parasites, voilà ce qu’ils sont, cette classe de dégénérés, des macaques piaillant sans cervelle, sans bon sens, sans pardon, des créatures infames et impies.

    Je serais allé dans cette chambre minable où il bidouillait ces photos de merde et j’aurais agité ce Houssen dans tous les sens et lui aurait hurlé :”Arrête tout de suite ! Ne fais pas ces photos, tu n’as aucune idée des démons que tu va invoquer, arrête ça, arrête ça tout de suite et rends toi à l’évidence, tu es trop bon pour eux et tu n’est pas assez fort pour résister à la férocité de ce monde, calme-toi et tout se passera bien !”. Je lui aurais tout montré, le jugement par des inquisiteurs blancs comme un manteau de termites, la haine, la géhenne, la malveillance à l’état pur, ce que peut faire une communauté qui n’est unie que par l’avidité et la toxicité la plus écoeurante. Des cancrelats qui s’agglutinent sur l’argent criminel, se drapent de l’hypocrisie de la foi et donnant des leçons au monde entier alors que leur propre coeur est une fosse septique à ciel ouvert, déversant ses excréments et sa pisse sur les innocents et les naifs. Qu’ils crèvent tous et j’irais pisser sur leur tombe !

    Je laisse là ce Houssen de 32 ans qui abandonne ses bêtises et qui reste dans le droit chemin. Il aurait trouvé une femme, il aurait trouvé la paix, il aurait trouvé un meilleur travail, peut-être une belle-famille plus riche, car quand on est dans une famille de pauvres, alors personne ne viendra vous aider, car tous ceux qui vous entourent sont aussi pauvres que vous.

    Mon dernier voyage sera de remonter en 2019 où je vois maman qui commence à s’essoufler, qui a des crises de fatigue. Et je me précipiterais vers elle, je lui dirais d’aller dans un hopital, j’aurais dilapidé tout mon argent pour l’envoyer à l’étranger. Pour qu’elle se fasse soigner, car elle persistait à dire que ce n’est rien, que ça va passer. Jusqu’à ce jour maudit de toute ma vie du 16 septembre 2019 où je reçois l’appel, alors que j’étais en route pour aller lui rendre visite à l’hopital, elle était déjà sous oxygène. Les prostituées en blouse blanche l’ont escroqué de toutes les manières et il fallait maintenant la tuer. La bourrant de tonnes de médicaments inutiles, ce n’est pas la maladie qui l’a tué, mais la médecine aussi féroce et prédatrique que ce monde excrémentiel et 2020 nous montrera cette médecine dans sa puanteur la plus crasse.

    Je descends du bus en courant et sur le chemin, en courant, à bout de souffle, je vois ce météore me frapper en pleine gueule. Et je cris intérieurement : “Mamam, emmène-moi avec toi, ne me laisse pas ici avec ce monde de merde, ce monde de malveillance systématique, ce monde où les faibles sont écrasés joyeusement par les impies en éclatant de rire, ce monde où rien n’a plus d’importance à part l’avidité et le fait d’arnaquer son prochain, ce monde où rien ne compte à part comment égorger son voisin afin de lui prendre les dernières miettes afin de s’empiffrer encore et encore”.

    Et je l’aurais laissé là, ce Houssen qui a pu sauver Maman, au moins pendant quelques années, car seuls les pires des raclures nient la mort et la repoussent sans cesse en devenant des parasites sur le corps des vivants. Il aurait été heureux, Maman aurait été son bouclier contre les malheurs du monde, contre son poison et son impitoyabilité qui est maintenant sa norme. Et je laisse là tous ces Houssen, évoluer dans leurs mondes parallèles respectifs. Ils sont heureux dans mes rêves.

     

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    La Rédaction

    Rédacteur en chef, écorché vif, éternel raleur, conservateur et nationaliste. Parle parfois de vape.

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